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Les médecins traquent déjà les patients fantômes

Les médecins traquent déjà les patients fantômes

Dans une interview à la presse régionale, Gabriel Attal a annoncé vouloir instaurer une « taxe lapin » pour les patients, c'est-à-dire une retenue de quelques euros par rendez-vous médical non honoré. Une solution pour faire face aux annulations à la dernière minute que les soignants avaient déjà envisagée.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 08.04.2024
 

L'ACTU.

« Toutes ces consultations non honorées, c’est du temps perdu pour les soignants et pour les autres patients. On ne peut plus se le permettre. » Dans une interview auprès des principaux titres de presse régionale, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé la mise en place d'une « taxe lapin » pour 2025. Elle devrait consister en un prélèvement de cinq euros pour tout rendez-vous chez un médecin qui n'est pas honoré ou annulé moins de vingt-quatre heures à l'avance.

Selon une estimation de l’Union régionale des professionnels de santé médecins Île-de-France, « à l’échelon de la France, un rendez-vous non honoré par jour par médecin représente 27 000 000 de consultations annuelles, soit l’équivalent du temps de travail d’environ 4 000 médecins ». Un chiffre repris par le Conseil national de l'Ordre des médecins qui note un « phénomène qui semble en constante augmentation » et ayant de « sérieuses répercussions sur l’offre de soins ». À noter que selon une enquête des Décodeurs du Monde, ces estimations « extrapolées » ne sont « pas statistiquement robuste[s] ».

LES ARCHIVES.

Dans nos archives, la première apparition d'une proposition de « taxe lapin » date de juin 2013. Le premier syndicat de médecin envisageait alors de faire « payer les patients qui ne se présentent pas », comme le rapportait le 13 h de TF1 dans l'archive en tête d'article. Le nombre de rendez-vous manqués chaque année était alors estimé à « 28 millions » : « C'est comme si 8 400 médecins travaillaient pour rien. »

Dans un cabinet de la région nantaise où deux à trois patients ne venaient pas à leur rendez-vous chaque jour, le docteur Yannick Freuchet déplorait : « Tout patient qui ne vient pas prend la place de quelqu'un. D'un enfant, par exemple, qui a de la fièvre et que nous ne prenons pas du fait d'un emploi du temps surchargé. »

Les patients n'étaient pas prêts à payer

Les patients interrogés ne semblaient pas pour autant prêts à payer les consultations manquées. « Je pense qu'il doit y avoir un certain nombre de personnes qui sont toujours les mêmes. Ces personnes-là, au bout deux fois, trois fois peuvent peut-être faire un petit geste », analysait une patiente au micro de TF1. Un autre de noter : « Parfois, c'est le médecin qui n'est pas là ». Ou encore : « Je ne serais pas forcément d'accord pour devoir payer, car il y a des spécialistes qui dépassent les honoraires ».

Le syndicat proposait par ailleurs « de mieux organiser les prises de rendez-vous notamment grâce à Internet ». Au vu des revendications actuelles et alors qu'en dix ans, les plateformes de prise de rendez-vous médicaux en ligne se sont développées, cette solution ne semble pas avoir fait disparaître les patients fantômes.

En 2015, l’Union régionale des professionnels de santé médecins Île-de-France avait étudié ce phénomène de rendez-vous manqués : « En Île-de-France, 70% des médecins libéraux interrogés ont une à deux annulations par jour et plus de 20 % en ont au moins trois ». Et d'alerter sur la nécessité d'agir afin de sauvegarder un système français « aujourd'hui en danger ».

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