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Les revendications anciennes des médecins étrangers en France

Les revendications anciennes des médecins étrangers en France

Le 16 janvier 2024, Emmanuel Macron a dit vouloir «régulariser nombre de médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins». Des praticiens qui demandent une meilleure reconnaissance depuis des années déjà.

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 19.01.2024
 

L'ACTU.

Dans sa conférence de presse du 16 janvier 2024, le Président de la République Emmanuel Macron a dit souhaiter « régulariser nombre de médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins ». Ces praticiens diplômés hors de l'Union européenne (Padhue) travaillent dans les hôpitaux publics français, sont non-titulaires mais avec des salaires bien plus bas que ceux de leurs homologues. Jeudi 18 janvier, un rassemblement a été organisé pour demander un statut digne pour ces travailleurs.

LES ARCHIVES.

« Certains hôpitaux ne fonctionneraient pas s'ils n'étaient pas là ». Depuis longtemps, les praticiens hospitaliers dénoncent la précarité du statut des médecins étrangers. En 1994, l'émission « Français si vous parliez » de France 3 proposait une table ronde sur le sujet. Un premier extrait est disponible en tête d'article. Isa Linarès, psychiatre à Saint-Ouen naturalisée française, originaire du Brésil témoignait : « J'ai rempli les conditions imposées par la loi (...) pour obtenir l'autorisation d'exercer la médecine en France. Mon dossier, qui est complet aujourd'hui, est en attente depuis quatre ans à la Délégation régionale de la Santé, donc au ministère de la Santé. »

Elle tentait de résumer les conditions pour pouvoir exercer en France. « Il faut avoir la nationalité française ou avoir déposé une demande de naturalisation. Il faut avoir un diplôme du pays d’origine équivalent au diplôme d'État de docteur en médecine français et reconnu équivalent par le ministère de l'Éducation et de la culture. Il faut avoir passé des épreuves de connaissance médicale de médecine qui sont appliquées aux élèves de 6e année de médecine en France ». Et puis, « ayant fait ce parcours-là, nos dossiers sont examinés par une commission ministérielle qui octroie les autorisations d'exercer la médecine en France ». Sans cette autorisation, ces praticiens étaient obligés de rester en bas de la hiérarchie.

« On ne peut pas assimiler incompétence et nationalité étrangère »

En tant qu'employée de l’hôpital de Saint-Ouen, Isa Linarès était payée entre 7000 et 8000 francs par mois (moins de 2000 euros, inflation comprise). « Si j'avais cette autorisation d'exercer la médecine en France, j'aurais pu prétendre à me présenter à des concours et de faire une carrière hospitalière comme les médecins diplômés en France. Pour un temps plein de praticien en France, il y a une bonne somme de 10.000 francs de différence [avec les praticiens hospitaliers étrangers]. »

Dans l'extrait suivant, Alexis Dussol, qui dirigeait l’hôpital de Montauban s'agaçait du système français : « On ne peut pas assimiler incompétence et nationalité étrangère. » Néanmoins, disait-il, « on ne peut pas dire qu'il n'existe pas de problèmes ». Certains pays avaient, selon lui, une sélection moins forte qu'en France au cours des études de médecine. « La majorité d'entre eux sont des gens compétents qui rendent de grands services à leur chef de service et aux malades et aux hôpitaux français ».

Au fil des années, la situation ne s'était pas améliorée et dans les années 2000 puis 2010, la télévision effectuait régulièrement des reportages auprès de ces médecins dont le diplôme n'était pas reconnu. L'archive ci-dessous résumait avec force la situation : « C'est une discrimination comme l'administration sait parfois en générer. Celle qui frappe les médecins qui ont passé leur diplôme en dehors de l'Union européenne, ils exercent en France depuis parfois dix ans, ils assurent dans les hôpitaux la plupart des permanences notamment au service des urgences et pourtant ils n'ont même pas le statut de carte professionnelle, pas d'inscription non plus à l'ordre des médecins et des salaires scandaleusement plus bas à travail égal. » Et des médecins concernés d'espérer plus de sécurité professionnelle ou de s'insurger : « Les patients ne savent pas qu'on est considéré comme sous-médecins ».

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