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Just Jaeckin en 1981 : «J'ai toujours essayé de suggérer les choses»

Just Jaeckin en 1981 : «J'ai toujours essayé de suggérer les choses»

Le réalisateur du célèbre «Emmanuelle», film érotique réalisé en 1974 qui avait rencontré un immense succès, est mort mardi 6 septembre à l'âge de 82 ans. En 1981, il était invité en compagnie de l'actrice Sylvia Kristel sur le plateau d'Antenne 2 à l'occasion de la sortie de son avant-dernier film, «L'Amant de Lady Chatterley», et évoquait sa conception du cinéma érotique.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 07.09.2022
Plateau Sylvia Kristel, Just Jaeckin - 1981 - 13:00 - vidéo
 

Le 22 juillet 1981, Daniel Bilalian a invité sur le plateau du journal d’Antenne 2 Midi le réalisateur Just Jaeckin et l’actrice Sylvia Kristel, à l’occasion de la sortie de L'Amant de Lady Chatterley. Ce film est la septième réalisation de Just Jaeckin (son huitième et dernier film, Gwendoline, sortira en 1984). Il est une adaptation du roman éponyme de l’écrivain britannique D.H. Lawrence, qui avait fait scandale lors de sa publication en 1928. Just Jaeckin, qui s’était spécialisé dans le cinéma érotique depuis son premier film, Emmanuelle, choisit de confier le rôle de Lady Chatterley à l’actrice néerlandaise Sylvia Kristel, qui avait largement contribué à l’immense succès d’Emmanuelle en y interprétant l'héroïne aux amours libertins.

C’est dans ce contexte que le réalisateur et son actrice sont invités par Daniel Bilalian, qui revient à la fin de son interview sur la question du genre érotique dans lequel s’est inscrit Just Jaeckin. Le journaliste lui demande : « Lorsqu’on réalise ce genre de films, comment fait-on pour ne pas tomber du romantisme à l’érotisme et au pornographique. Quelles sont les limites à ne pas franchir ? » Pour le réalisateur, tout repose sur la qualité du scénario – « quand un rôle est parfaitement écrit, je crois qu’on peut demander beaucoup de choses à une comédienne ou un comédien », explique-t-il, limitant la pornographie à une succession de scènes purement sexuelles : « C’est ouvrir une porte, voir deux personnes qui font l’amour, on pousse une autre porte il y en a d’autres qui font l’amour, on rentre dans sa voiture et il y a le chien qui fait l’amour avec un chien, c’est ça la différence. » Mais il n’y a pas que l’importance du scénario, poursuit le cinéaste, il y a aussi que ses images, érotiques, utilisent la suggestion, l’imagination du spectateur : « La raison de mon succès, c’est que j’ai toujours essayé de suggérer les choses et de laisser au spectateur la possibilité de projeter, à travers des images où l’on ne voit pas grand-chose : ils ont toujours l’impression de voir des tas de choses. [Or] on ne voit jamais un sexe, on ne voit jamais de choses "difficiles". »

Revenant à la demande de Daniel Bilalian sur l’immense succès de son premier film, Emmanuelle, Just Jaeckin l’explique par le fait que l’époque y était propice. « On était les premiers à bénéficier de cette ouverture de la censure. On était le premier film érotique visible, et comme le film était très pur, c’est de l’eau de rose, quand vous voyez des films pornographiques, je crois qu’on a été le premier film sensuel qui permettait aux gens d’aller voir des films sensuels sans se sentir coupables d’aller voir quelque chose de dégoûtant. On m’a attaqué [sur la question de faire] des images sophistiquées, mais je crois que c’est la raison du succès. »

Plus gros succès de l’année 1974 en France avec près de neuf millions d’entrées, Emmanuel fut un véritable phénomène de société. Resté treize ans à l’affiche d’un cinéma sur les Champs-Elysées à Paris, il aura été vu par des dizaines de millions de spectateurs dans le monde entier.

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