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Rédoine Faïd, confession d'un braqueur

Rédoine Faïd, confession d'un braqueur

En 2010, le braqueur multirécidiviste se livrait au micro de Philippe Collin sur France Inter. Une parole rare.

 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 02.07.2018 - Mis à jour le 05.09.2023
 

L'ACTU.

Un hélicoptère qui s'envole au-dessus de la prison de Réau, sous les acclamations de détenus. Le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, 51 ans, est jugé à partir du 5 septembre 2023 devant les assises de Paris pour cette évasion spectaculaire en 2018, sa deuxième en cinq ans.

LES ARCHIVES.

Personnage aussi charismatique que sulfureux, Rédoine Faïd se livrait en 2010 au micro de Philippe Collin sur France Inter. C'est un témoignage audio exceptionnel que nous vous proposons de découvrir ci-dessous.

Dans cet entretien, il définit le statut du braqueur qui possède une certaine aura et qui est régi par un code de l'honneur. Selon lui, le braqueur a la caractéristique d'être respecté par les autres malfrats mais aussi par la police.

Rédoine Faïd est né dans une cité de Creil en 1972. Bon élève mais turbulent, il s'ennuie et passe de longues heures avec ses copains dans les centres commerciaux qui poussent au début des années 80. La profusion de tout ce que la société de consommation propose le fait rêver. Il sait que ses parents, d'un milieu modeste, ne pourront jamais lui offrir ses rêves. Alors il se les offre en volant… C'est le début d'une "carrière de braqueur à succès". Jusqu'à ses 26 ans, il ne sera jamais arrêté pour aucun des larcins commis.

Il évoque toutefois son ressenti personnel de la prison, qu'il éprouvera plus tard : «Tu vois ça comme l'enfer. C'est un monde infâme. T'as vraiment peur. Après, tu rentres dans ta cellule, t'es tout seul. Tu vois rien. T'as pas de visite, t'as personne à qui parler. T'as le suicide qui te passe dans la tête car tu n'as pas le courage. Si j'avais été dedans à 14,15 ans… ça aurait été terrible.»

Rédoine Faïd donne également son opinion sur le fossé qui existe entre les discours politiques, déconnectés de la banlieue, et la réalité de ces quartiers. «Les gosses si tu les appelles "racaille", c'est pas comme ça que tu vas y arriver. Je considère qu'il faut une réelle volonté politique pour changer tout ça… Quand le gosse commence à déconner à l'âge de 10 ans, occupe-toi de lui, n'attends pas qu'il ait 20 ans…», dit-il.

Philippe Collin demande à l'ex-braqueur de lui expliquer en quoi le cinéma et certains films en particulier ont participé à son apprentissage de la délinquance. Rédoine Faïd répond qu'il avait un don pour le vol et que son perfectionnement de bandit qui s'est fait en partie à travers les films de gangsters. Parmi ses références, il évoque Le solitaire de Michael Mann, le Mesrine de 1984, ou l'histoire du gang des postiches en 1986.

Pour Rédoine Faïd, il y a une certaine noblesse de braquer un fourgon blindé. À l'époque, il pensait être sorti de cette drogue des braquages : «Mes vieux démons ne sont pas endormis mais morts». Il reconnaissait cependant qu'avec tous ses succès, il se sentait invincible et n'arrivait pas à arrêter. En vacances, il s'ennuyait. La vie lui semblait fade.

Quant à la prison, il la comparait à un monastère où il a pu se désintoxiquer : «En détention, tu vides tes batteries... tu te débarrasses de cette vie de fou... d'être en cavale... la peur de la police qui va te tirer dessus car ils savent que tu ne vas pas te rendre. En détention tu n'as plus à avoir peur... tu te débarrasses de tout ça.»

En juin 2011, un an et demi après cet entretien, le braqueur-repenti était arrêté dans le cadre de l'enquête relative au braquage raté d'un fourgon blindé à Villiers-sur-Marne (Val de Marne) en 2010 qui avait entraîné la mort d'une policière municipale.

Il s'évadera de sa prison de Sédequin dans le Nord à l'aide d'explosifs et après une prise d'otages qui ne fera aucune victime.

Finalement, après 46 jours, il sera arrêté dans la nuit du 28 au 29 mai 2013 dans la chambre numéro 38 d'un petit hôtel de Pontault-Combault en Seine-et-Marne.

Rédoine Faïd s'est à nouveau évadé, le 1er juillet 2018, de la prison de Réau, avant d'être finalement arrêté le 3 octobre 2018. C'est pour cette évasion qu'il est jugé à partir du 5 septembre 2023.

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