Aller au contenu principal
Martine, la copine trop parfaite (mais qu'on adore) depuis 70 ans

Martine, la copine trop parfaite (mais qu'on adore) depuis 70 ans

Pour ses 70 printemps, Martine s’offre jusqu’au 11 avril une exposition et même une boutique éphémère à la galerie Gallimard à Paris. Sorti en 1954, le tout premier album écrit par Gilbert Delahaye et dessiné par Marcel Marlier fut un succès immédiat. Depuis, la fillette intemporelle est devenue une icône pour quatre générations. Un succès auquel ne s'attendait pas son créateur.

 

Par Florence Dartois - Publié le 24.04.2019 - Mis à jour le 10.04.2024
"Martine " a 50 ans - 2004 - 02:48 - vidéo
 

L'ACTU.

70 ans après sa création, « Martine » fait toujours partie des ouvrages jeunesse de référence. Pour son anniversaire, la fillette s'offre une exposition gratuite, « Martine, l’éternelle jeunesse d’une icône » à la Galerie Gallimard à Paris. Avec 60 albums, la sympathique fillette est devenue une icône. Toujours accompagnée de son chien Patapouf et de son ami Jean, Martine propose une vision rassurante et enthousiasmante de la vie vécue comme une aventure positive. Chaque récit illustre des valeurs qui pourraient paraître surannées, mais qui restent très actuelles, telles que la curiosité, l’audace, l'optimisme, mais aussi la bienveillance et l’empathie.

La série des « Martine » est née de la collaboration entre Marcel Marlier, un illustrateur belge, et le scénariste normand Gibert Delahaye, respectivement décédés en 2011 et 1997. Le 18 septembre 2004, le 13h de France 2 dressait le portrait de cette fillette emblématique de la littérature enfantine et de son papa.

L'ARCHIVE.

« Elle a conquis le cœur de plusieurs générations d'enfants... Martine, la petite fille sage à qui il arrive de multiples aventures a 50 ans ». Son créateur, Marcel Marlier, vivait alors en Belgique et était fier de sortir le 58e volume des aventures de Martine, sa petite héroïne qui avait traversé toutes les modes et séduit les générations successives. Marcel Marlier racontait : « Chaque Martine est le prétexte à découvrir un univers différent ». Comme lorsque Martine apprenait à nager, il avait suivi des cours, lui qui ne savait pas nager. Pour Martine fait de la danse, il avait fréquenté les écoles de danse et s'était initié. À chaque nouvel album, son goût du détail le faisait expérimenter et voyager.

Un succès littéraire

Assis à son bureau, l'artiste mettait la dernière touche à une nouvelle planche, tout en évoquant Martine comme si c'était sa propre fille. Sa coiffure par exemple, un vaste sujet ! Il s'amusait à la faire évoluer au gré de ses envies et des modes : « Au début, elle avait une queue de cheval et puis j'ai fait une coiffure un peu à la Stone (de Stone et Charden) et puis, j'ai changé et maintenant, je suis revenu à une queue de cheval. Je suis libre. » Cette liberté, c'était aussi celle d'aller à contre-courant : « Maintenant, je devrais peut-être faire Martine et les ordinateurs, mais enfin, ça ne me dit pas grand-chose. Je n'ai pas envie ».

Martine a connu un succès mondial et a été adaptée à l'étranger sous les prénoms de Margaret, Maya ou Debbie. L'auteur s'est toujours montré étonné de ce succès : « Je m'aperçois que les enfants réagissent dans tous les pays de la même façon, alors qu'on pourrait croire que pour eux, c'est peut-être exotique. Ils réagissent aux mêmes dessins, aux mêmes attitudes. » En 2011, année de la mort du dessinateur, Martine était traduite dans 35 langues et vendue à plus de 100 millions d'albums depuis sa naissance.

Ce succès, on pouvait le constater à chaque séance de dédicaces. Un même enthousiasme de 7 à 77 ans…

La seule à ne pas supporter la gentille héroïne de papier, c'était sans doute Marie-Augustine Marlier, son épouse. Elle regrettait avec humour que son époux ait davantage vécu avec Martine qu'avec elle en 45 ans de mariage ! « Parce que je peux lui parler, il n'entend pas. Il est dans son monde à lui. Je suis un peu jalouse quand même, mais je crois qu'on ne le changera plus ».

Un artisan méticuleux

Dans les archives ci-dessous, chaque anniversaire de Martine est l'occasion pour son créateur d'évoquer sa manière de préparer et de dessiner les albums. Aucun détail n'est laissé au hasard puisqu'il s'agit autant de distraire que d'éduquer les enfants.

1991, Martine a presque 40 et pas une ride :« Elle a 40 ans, mais ne les fait pas. Parfois, elle prend un coup de vieux, mais je m'en aperçois tout de suite. Affolé, je la rajeunis le livre suivant ».

En 2002, Martine fête ses 49 ans et toujours le même succès : un million d'exemplaires vendu en France pour chaque nouvelle parution. Marcel Marlier qui avait été repéré par Casterman encore étudiant, à 20 ans, s'interroge lui aussi sur ce succès. C'est peut-être sa méticulosité, le goût du détail, un travail d'artisan qui commence par la recherche des attitudes. Il détaille certaines de ses planches de travail et c'est passionnant, tout en précisant que cette alchimie mystérieuse n'a rien à voir avec « la justesse de l'attitude ou l'expression. Elle doit être bien composée ». La documentation nécessaire à la description des lieux, par exemple, et même les seconds plans sont choisis et dessinés avec soin.

« Martine, c'est une petite fille de bonne volonté qui essaye de bien faire et c'est peut-être ça qui séduit », « Les personnages ne sont jamais neutres, il y a, à chaque fois, une saynète dans la saynète, enfin, j'essaye... »

Quelques critiques et beaucoup d'amour

2005 : 50 ans et 50 millions d'exemplaires vendus en France, 80 millions dans le monde. Qui en parle le mieux, si ce n'est les lectrices qui se repassent les Martine de génération en génération. Alors trop bien élevée ? Des récits trop paternalistes, voire colonialistes ? Si ce genre de petite fille parfaite agace certains libraires, Marcel Marlier, lui, ne voit pas pourquoi il faudrait que la fillette soit méchante ou vicieuse.

Martine
2005 - 00:00 - vidéo

Pour les 60 ans de Martine, désormais orpheline, une grande exposition événement se tenait à Paris. Voilà comment Élise Lucet lançait le sujet qui suit : « A l'heure des tablettes et des jeux video, elle pourrait sembler un peu désuète... et pourtant, Martine n'est pas tombée dans l'oubli. L'héroïne de littérature enfantine fête ses 60 ans aujourd'hui. Elle n'a pas pris une ride, même si les auteurs de la série sont morts. Les grands-mères ou les mamans continuent à offrir ces albums aux petites filles. »

Martine reste une valeur sûre. La visite de l'expo permettait de rencontrer des lecteurs et lectrices conquis et nostalgiques du monde imaginaire et rassurant de Martine. En 2014, on en était à 110 millions d'exemplaires vendus et des traductions dans 40 langues !

Les 60 ans de Martine
2014 - 00:00 - vidéo

Le succès littéraire de Martine n'est pas près de s'éteindre et la nouvelle exposition de 2024 sera l’occasion de reconnaître le travail artistique de Marcel Marlier sur six décennies.

LE MONTAGE D'ARCHIVES.

70 ans de phénomène Martine
2024 - 00:00 - vidéo

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.