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Prolongation de la chasse à l'oie cendrée, l'éternel débat

Prolongation de la chasse à l'oie cendrée, l'éternel débat

Nouveau rebondissement. Le Conseil d'État a ordonné jeudi 7 février l'arrêt de la chasse aux oies sauvages alors que le 31 janvier 2019, le ministère de la Transition écologique et solidaire avait rendu sa décision de prolonger la période de chasse aux oies en février. Nécessité pour les chasseurs ou aberration pour les défenseurs des oiseaux… un débat récurrent mais jamais tranché.

 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 29.01.2019 - Mis à jour le 14.02.2019
Polémique suite aux arrêtés sur la chasse - 2001 - 02:13 - vidéo
 
Nouveau rebondissement. Le Conseil d'État a ordonné jeudi 7 février l'arrêt de la chasse aux oies sauvages alors que le 31 janvier 2019, le ministère de la Transition écologique et solidaire avait rendu sa décision de prolonger la période de chasse aux oies en février.

L'arrêté publié au JO et entré en vigueur le 1er février prévoyait un quota de 4000 oies dans tout l'hexagone, sauf en Alsace. Nécessité pour les chasseurs ou aberration pour les défenseurs des oiseaux… un débat récurrent mais jamais tranché.

Une consultation publique pour trancher la question

Pour trancher ce débat, plus de 52 000 personnes ont participé à la consultation publique sur le projet d’arrêté ministériel autorisant la chasse aux oies en février. Cette consultation a pris fin officiellement le 24 janvier 2019.

Le projet d’arrêté prévoit un quota de 5 000 oies cendrées chassables, sur le territoire métropolitain, du 1er au 28 février. (Sauf Haut-Rhin et Bas-Rhin)

Depuis des années, les chasseurs réclament le droit de tirer les oies cendrées en février, en période de migration. Une disposition contraire à la directive européenne oiseaux.  Le ministre François de Rugy devra prendre une décision rapidement. Pour l’heure, légalement, la chasse est autorisée jusqu’au 31 janvier 2019.

2001 : le décret contesté de Dominique Voynet

Ce débat sur la prolongation ou non de la chasse aux oies perdure depuis des décennies, à coup de décrets et d'annulation de décrets…

En 2001, Dominique Voynet, ministre de l'écologie provoquait une polémique en autorisant la chasse de huit espèces d'oiseaux migrateurs jusqu'au 20 février mais elle voulait en parallèle en limiter les prélèvements. Une mesure jugée inacceptable par les chasseurs et inapplicable par certains écologistes. En baie de Somme, Nicolas Lottin, chasseur de gibier d'eau évoquait l'importance des oies migratrices pour la chasse locale.

"C'est un oiseau qui est assez mythique parce qu'un chasseur, dans sa vie, il va peut-être mettre 30 ou 40 ans à prélever une oie, parce que c'est vrai que les oies, en baie de Somme comme partout, on en voit passer des milliers tous les ans, mais elles passent à 200 mètres de hauteur et elles sont pratiquement inchassables."

Pour sa part, il expliquait en tuer une ou deux chaque année. D'après lui, l'espèce ne s'était jamais aussi bien portée. Alors comme la plupart de ses collègues, il ne comprenait pas l'arrêté de la ministre : "La loi nous oblige à avoir pratiquement des bagues ou des bracelets pour chaque chasseur. Mais quand il y aura 28 oies de prélevées dans le département il faudra dire stop. Comment on va gérer tout ça, c'est inapplicable…"

Quant aux écologistes, ils jugeaient cet arrêté "confus et non conforme à la réglementation européenne".

Le surnombre des oies entre dans le débat

Pour convaincre les politiques, les chasseurs arguent que les oies qu’on leur interdit de chasser en France sont gazées dans le nord de l’Europe, pour cause de surpopulation et de dégâts aux cultures. Les écologistes réfutent cet argument : selon eux, il ne s’agit pas des mêmes oies.

En janvier 2004, la publication au journal officiel des dates de fermeture de la chasse aux oiseaux migrateurs avait provoqué à la fois le mécontentement des chasseurs et des associations d'écologistes mais pas pour les mêmes raisons… et l'argument du surnombre des oiseaux faisait son apparition.

Les chasseurs étaient mécontents car ils espéraient pouvoir tirer l'oie jusqu'au 8 février. D'après eux, les comptages montraient que les volatiles étaient en constante augmentation et que leurs prélèvements étaient minimes.

Dans sa cabane, sur la côte picarde, David Duvauchelle, gérant d'auto-école et chasseur affirmait : "Même dans une saison qui est correcte, on prélève à peine un canard par nuit."

A l'opposé, Nelly Boutinot, vice-présidente de la ligue ROC, l'une des associations de défense des volatiles déclarait : "idéalement, il faudrait que l'on cessa de chasser les canards à la deuxième décade de janvier, par conséquent, on leur fait déjà un beau cadeau en fermant au 31 janvier."

Alex Pion, le trésorier de la fédération des chasseurs de la Somme, très déçu par cette décision politique, agitait quant à lui le chiffon rouge politique : "Et ben, on verra aux prochaines élections... Ce sera très certainement une percée du front national

En 2011, Noël est propice à l'oie. Le Conseil d'Etat annonçait que les oies cendrées ne pourraient plus être tirée après le 31 janvier afin de ne pas perturber leur migration prénuptiale. C'est-à-dire dix jours de moins pour les chasseurs, donnant ainsi raison aux associations écologistes. La France se mettait ainsi au diapason européen.

L'arrêté ministériel avait initialement fixé la date de fermeture au 10 février. Les chasseurs au gibier d'eau contestaient les arguments des écologistes. Comme à chaque fois, l'argument des colonies d'oies en expansion prenait son envol. Ils demandaient alors au gouvernement de "tenir bon" et menaçaient d'une "mobilisation importante."

En plateau, Nicolas Lottin, porte-parole des chasseurs au gibier d'eau de la Baie de Somme, s'exprimait sur ces jours en moins, sur le problème des oies, accusées de provoquer des dégâts en Hollande que l'on tue partiellement car trop nombreuses, sur des actions à venir et leur poids dans les relations avec les politiques. Dans un reportage, Guy Harlé d'Ophove, président de la fédération des chasseur de l'Oise marquait clairement son irritation : "On nous prend carrément pour des cons, je suis désolé de l'expression mais il n'y a pas d'autre mot, c'est de la provocation."

En 2015, même polémique, mêmes arguments de surpopulation du côté des chasseurs. La ligue de protection des oiseaux (LPO) sortait une étude montrant que ces oies tuées en Hollande et en Belgique n'étaient pas les mêmes que celles qui passent au-dessus de la France, qui elles, n'étaient pas en surnombre.

                                                                                                                                                                                                                                         Florence Dartois (INA)


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