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Pour ou contre la mixité au lycée ? Réponse des intéressés en 1961

Pour ou contre la mixité au lycée ? Réponse des intéressés en 1961

L'un des grands thèmes abordés par "Mixte", la série lancée par Amazon Prime Vidéo le 14 juin, c'est l'apparition de la mixité dans les lycées des années 1960. En effet, à l'époque, elle était l'exception. Mais les ados souhaitaient-t'ils vraiment son développement ? Réponse dans ce microtrottoir.


Par la rédaction de l'INA - Publié le 10.06.2021 - Mis à jour le 11.06.2021
Pour ou contre l'école mixte - 1961 - 04:24 - vidéo
 
L'un des grands thèmes abordés par "Mixte", la série lancée par Amazon Prime Vidéo le 14 juin, c'est l'apparition de la mixité dans les lycées des années 1960. En effet, à l'époque, elle était l'exception. Garçons et filles ne se côtoyaient pas ou peu, sur les bancs de l'école. Mais les ados souhaitaient-t'ils vraiment son développement ? Réponse dans ce microtrottoir.

Voici le synopsis officiel de la nouvelle série française produite par la plateforme de streaming vidéo Amazon Prime : "En septembre 1963, le Lycée Voltaire devient mixte et accueille des filles pour la première fois de son histoire : c’est le début d’une nouvelle ère. Elles sont 11 au total pour une centaine de garçons : une vraie révolution. En situant l’action dans un lycée – le lieu de l’ébullition hormonale par excellence ! - Mixte apporte un éclairage différent sur des thématiques très actuelles. Adultes et adolescents vont se chercher, parfois se trouver et apprendre à vivre ensemble dans le quotidien de ce lycée à l’aube de mai 68." Marie Roussin, la créatrice de la série, s'est inspirée de ses souvenirs personnels puisqu’elle a elle-même été scolarisée dans une école de garçons non mixte dans les années 1980. 

Aujourd’hui considérée comme normale, la mise en place de la mixité a été très progressive en France. Dans les années 60, la mixité est légale mais peu appliquée dans les écoles. Elle balbutie et pose un vrai souci aux parents, aux professeurs mais aussi aux enfants ! Cette "coéducation", comme l’appelaient les spécialistes, soulevait même certains a priori de la part des premiers concernés, comme vous allez le constater dans l'archive proposée en tête d'article. Il s'agit d'un microtrottoir réalisé pour le magazine "L'avenir est à vous" le 4 décembre 1961.

Au lycée Louis Le Grand, les garçons interrogés à la sortie des cours semblent dubitatifs. Celui-là en rêve mais, "sentimentalement oui, mais ma raison s'y opposerait". Cet autre élève craint que l'ambiance d'une classe mixte ne soit pas bonne. Il y a aussi cet autre adolescent, complètement opposé au projet : "Je crois que la présence de jeunes filles attribuerait un nouvel élément qui serait néfaste aux études". Certains voient les choses avec plus de positivité, ce jeune homme par exemple : "Cela donnerait plus de courage aux garçons (…) qui voudraient se faire valoir auprès des demoiselles". Un autre plus ouvert encore suggère que cela réduirait les différences, les garçons devenant "un peu plus doux" et les filles "plus dégourdies". Si les filles semblent majoritairement perçues comme des objets de distraction, que pense-t-on de la mixité du côté des filles ?

"Les lycées mixtes ne sont pas assez sérieux en général"

Direction le lycée pour filles Victor Duruy, à Paris. Les demoiselles semblent plus partagées. Il y a celles qui préfèrent conserver "l'esprit des filles qui est très bon" et qui refusent catégoriquement de côtoyer la gente masculine : "Je trouve qu’on est mieux dans un lycée de filles, les lycées mixtes ne sont pas assez sérieux en général. Entre garçons et filles ce n'est pas possible". Mais d'autres n'y voient que des avantages, la présence de garçons atténuerait la compétition et "l'esprit trop travailleur des filles" et permettrait "d'alléger l'ambiance de couvent". Moins de chicanes aussi, bref "avec les garçons ce serait plus agréable".

Et plusieurs lycéennes pointent du doigt l'émulation qu'apporterait la mixité dans les classes. Elles ont clairement envie d'en découdre avec les garçons : "On travaillerait plus parce que les garçons n'aiment pas être dépassés par les filles", "Ça permettrait de leur montrer que les filles travaillent plus que les garçons, ce dont ils ne se rendent pas toujours compte". 

En 1975, la loi Haby, imposera finalement la mixité dans tous les établissements, de la maternelle au lycée. Des salles de classes à la cantine, en passant par les cours de sport... filles et garçons seraient désormais mélangés équitablement.

Florence Dartois

Pour aller plus loin : 

L'avenir est à vous : un étudiant sur l'absence de mixité à Science-Po. (6 mars 1962)

Dim Dam Dom : leurs premières classes mixtes. Reportage sur la mixité tourné à l'école primaire du Vésinet. Les jeunes élèves donnent leur avis sur la mixité à l'école et les changements engendrés par l'arrivée des jeunes filles dans leur classe. (4 novembre 1970)

Aujourd'hui madame : Joseph Fontanet à propos de la mixité au lycée. Le ministre de l'éducation nationale Joseph FONTANET évoque l'extension de la mixité dans l'enseignement du second degré. Témoignage d'une jeune lycéenne, invitée du plateau. (13 septembre 1972)

Dans la même émission : microtrottoir auprès de jeunes enfants sur la mixité. (13 septembre 1972)

Aujourd'hui madame : la mixité à l'école. (13 mars 1974)


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