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Morris et Goscinny, un duo complémentaire pour Lucky Luke

Morris et Goscinny, un duo complémentaire pour Lucky Luke

Lucky Luke fête ses 75 ans. C'est le 7 décembre 1946 que le cow boy le plus célèbre de la bande dessinée francophone apparaissait pour la première fois sous la plume du belge Morris, dans les pages du magazine « Spirou ».  En s'associant avec René Goscinny, Morris allait former un duo soudé et complémentaire au service des aventures du tireur le plus rapide de l'Ouest. Une complicité visible dans ces deux interviews de 1972 et 1974.

 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 31.10.2018 - Mis à jour le 20.10.2020
Morris et Goscinny à propos de Lucky Luke - 1972 - 03:43 - vidéo
 

C'est seul que Morris commence les aventures de Lucky Luke, en 1946. Au sujet de la création de son personnage, le dessinateur expliquait en 1972, dans l'archive présentée en tête d'article, « qu'il adorait les westerns et que le thème des cow-boys était commercialement et internationalement intéressant ». Au départ, Morris choisit de publier son héros dans le journal « Spirou » car il trouve son concurrent « Tintin » moins fantaisiste. C'est aussi cette année-là que Morris déménage aux Etats-Unis, voulant apprendre de nouvelles techniques de travail et rencontrer des auteurs américains. Grâce à un auteur belge de bande-dessinée, Jijé, il va faire l'une des rencontres les plus importantes de sa vie : celle de René Goscinny.

En 1974, dans l'émission « Cinéma en herbe », Morris racontait les détails de sa rencontre avec le scénariste d'Astérix : « J'ai rencontré René à New-York par l'intermédiaire d'un autre dessinateur du nom de Gillain (Jijé), qui travaillait pour « Pilote » également. Je voyais qu'il avait ce sens de l'humour visuel qui est nécessaire pour une bande-dessinée. C'est ça qui m'a poussé à lui demander ». Dans la même archive, René Goscinny évoquait alors leur processus de travail : « Nous partons d'une idée. Ensuite, je fais un synopsis que je soumets à Morris. [...] Puis je fais un découpage qui ressemble à un découpage de cinéma. Morris fait ensuite les dessins. »

Un schéma qui est le même depuis la rencontre entre les deux auteurs. L'arrivée de Goscinny aura changé beaucoup de choses dans l'écriture et la lecture de la bande dessinée. Il va notamment créer la chanson de fin et ajouter de nombreux personnages comiques et secondaires. René Goscinny a apporté son imaginaire à l'univers de Lucky Luke. En 1972, dans l'émission « Petit lecteur deviendra grand », Morris ne tarissait pas d'éloges son acolyte : « J'ai vite compris qu'il avait cet humour particulier qui est nécessaire à une bande-dessinée comme Lucky Luke. »

La complémentarité entre les deux hommes va faire de Lucky Luke l'une des bandes-dessinées les plus populaires et célèbres du 20e siècle. A la fin des années 1960, les ventes d'albums explosent, ce qui pousse Morris à se tourner vers un autre éditeur, français cette fois, Dargaud. René Goscinny va alors aborder de nouvelles thématiques dans l'écriture des albums comme l'amour (Dalton City) ou encore la situation des amérindiens lors de la conquête de l'Ouest (Canyon Apache).

Quelques années plus tard, Morris et Goscinny tentent un nouveau challenge, celui de l'animation. C'est ainsi que sort le film Daisy Town en 1971. C'est un véritable succès. Un second film La ballade des daltons voit le jour en 1978, mais Goscinny n'aura pas la chance d'assister au montage final. Le père d'Astérix meurt d'un arrêt cardiaque pendant un test d'effort en 1977.

Morris continue seul son chemin en compagnie de Lucky Luke et essaie d'exporter la licence aux Etats-Unis. Une série est créée aux début des années 1980. Contrairement au succès de la BD en Europe, c'est un échec. Sur le plateau de « Petit lecteur deviendra grand », Morris disait justement des Américains « qu'ils avaient un complexe de supériorité » rendant très difficile la pénétration de leur marché par des créations étrangères, surtout lorsque les sujets étaient centrés sur leur propre histoire.

Après la parution de nombreux autres albums, Morris est décédé en 2001 d'un accident. Il laisse derrière lui une oeuvre gigantesque avec plus de 300 millions d'albums vendus à travers le monde. Depuis 2001, le dessinateur Achdé a repris avec succès les aventures de Lucky Luke.

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