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Mediator : dans les coulisses du scoop du «Figaro» sur une lettre qui alertait dès 1998

Mediator : dans les coulisses du scoop du «Figaro» sur une lettre qui alertait dès 1998

Dénouement pour l'affaire du Mediator mercredi 20 décembre. La cour d'appel de Paris doit rendre son verdict concernant les laboratoires Servier. Retour en archives sur la révélation d'un document exclusif concernant le Mediator en décembre 2010. Il avait permis de faire jour sur l'un des plus grands scandales sanitaires français.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 07.06.2021 - Mis à jour le 20.12.2023
 

Le 18 décembre 2010, l’information a fait la une du Figaro, puis le lendemain, celle du journal de 20h de France 2 : une lettre envoyée en 1998 à l'Agence du médicament par trois médecins de renom de la Cnam alertait sur la dangerosité du Mediator. Cette information est un scoop signé de la journaliste Anne Jouan. C'est la première fois à l'époque que l'on apprend que le médicament, largement détourné de son usage initial, est dangereux. Dans un entretien à La Revue des médias de l’INA, Anne Jouan raconte, de manière inédite, la relation très particulière qu’elle entretenait avec la source qui lui a permis de publier ce scoop.

En octobre 2010, Anne Jouan, alors journaliste au service sciences du Figaro, a rencontré «M’sieur Rungis». Ce dernier, fonctionnaire, avait accès à de nombreuses preuves et des documents confidentiels. C'est lui qui deviendra une source majeure de l'enquêtrice qui révélera dans son journal le scandale du Mediator. Son récit précis et sa relation avec cette source est à lire sur notre site La revue des médias. Elle s'est longuement confiée à notre journaliste Mathieu Deslandes dans le cadre d'une série sur les journalistes et leurs sources.

Anne Jouan révèle notamment que c'est cet homme, «M'sieur Rungis», qui lui a remis la lettre datée du 21 septembre 1998 et signée par trois médecins. Ce document mettait en garde l'Agence du médicament sur la dangerosité du Mediator. Selon la journaliste, "la parution de ce document a été un tournant".

Et on le voit bien dans l'archive en tête de cet article : le récit disponible sur La revue des médias éclaire ce reportage. La source du Figaro, on l'apprend désormais, était donc un fonctionnaire dont le petit nom donné par les journalistes du quotidien était "M'sieur Rungis", un surnom donné car il venait «toujours avec les courses» (comprendre, avec des informations, ndlr).

Le 29 mars 2021, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné les laboratoires Servier qui produisait le Mediator pour «tromperie aggravée» et «homicides et blessures involontaires». La justice considère que le groupe avait connaissance des risques pharmacologiques que présentait le médicament. Il a été condamné à verser 2,7 millions d'euros d'amende et 180 millions d'euros d'indemnités aux 6500 parties civiles du procès. Des centaines de personnes, sans doute davantage, sont mortes pour avoir pris ce médicament.

Pour aller plus loin :

Toute la série de La revue des médias sur les journalistes et leurs sources.

Opération rédemption : le scandale du Mediator et l'homme qui voulait racheter son âme

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