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30 juin 1973 : le Concorde poursuit une éclipse solaire

30 juin 1973 : le Concorde poursuit une éclipse solaire

Une éclipse solaire totale a eu lieu le 8 avril, visible au Mexique, aux États-Unis et au Canada. En juin 1973, une équipe d'astrophysiciens décidait de suivre une éclipse totale à bord du Concorde. Une expérience extraordinaire et inédite qui avait demandé des mois de préparation.

Par Florence Dartois - Publié le 10.06.2021 - Mis à jour le 09.04.2024
 

Le 30 juin 1973, une éclipse totale avait marqué l'histoire, au point d'être surnommée « l'éclipse du XXe siècle ». Le dernier alignement avait eu lieu en 1961, et avant cette date, en 1912, c'était dire l'excitation des astronomes. Elle plongea l’Afrique dans l’obscurité pendant plus de sept minutes, une durée exceptionnelle.

À l'occasion de ce rendez-vous, l’astrophysicien Pierre Léna décidait de monter une mission hors norme et unique : poursuivre l’ombre de la Lune à deux fois la vitesse du son, à bord d’un prototype de l’avion supersonique français, le Concorde 001 F-WTSS.

L'archive que nous vous proposons en tête de cet article se déroule trois jours avant l'expérience, le 27 juin 1973, sur l'aérodrome de Toulouse. Les scientifiques venaient de réaliser un dernier vol d'essai mené par le chef pilote Alain Turcat. Le test avait été concluant et la joie estétait à son comble. Il était prévu que le 30 juin 1973, l’avion supersonique décolle de Las Palmas, aux Canaries (Espagne), pour poursuivre l'éclipse totale du soleil. Pierre Charvin de l'Institut national d’astronomie et de géophysique au CNRS détaillait les grandes lignes du projet : faire voler le Concorde dans la zone d'ombre de l'éclipse environ 80 minutes, « alors qu'à partir du sol, l'éclipse ne sera visible que 7 minutes ».

Défi d'importance

L'instigateur de ce projet fou, l'astrophysicien Pierre Léna se déclarait très satisfait. Il précisait qu'ils avaient déjà effectué un vol d'essai un mois plus tôt, et que ce nouveau test avait permis de vérifier les derniers détails de l'expérience. « La seule chose qui n'est pas encore réalisée, c'est la lune devant le soleil », conclut-il impatient. Son rôle pendant le vol devait être d'étudier plus précisément « la couronne de poussière autour du Soleil ». Il précisait que cette expérience avait déjà été tentée par une équipe américaine en 1970 au Mexique, mais qu'elle avait échoué. C'était dire l'importance du défi.

Le pilote de chasse Alain Turcat, habitué à passer le mur du son, devait prendre les commandes du supersonique le temps de l'observation. Cette « répétition quasiment méridienne, faite au large du Portugal » était destinée à « permettre la capture du soleil, l'observation du soleil à travers toute une série de systèmes d'optique qui, faisant suite au système de navigation de l'avion, permettront de suivre le soleil ». De nombreuses modifications avaient été réalisées sur l'avion pour réaliser cette mission hors du commun. Des trous avaient été percés dans le plafond pour positionner les hublots d'observation, la structure avait été renforcée, on avait installé à bord du matériel scientifique et optique et vérifié l'alimentation électrique. « Nous rattraperons l'éclipse en Mauritanie, après avoir décollé de Las Palmas et nous nous poserons au Tchad, à Fort Lamy. »

La mission « Eclipse 1973 » fut un succès et les passagers du vol profiterèrent du spectacle durant 74 minutes, en restant dans l’ombre de la Lune. Une réussite scientifique. Les images de l'éclipse filmées depuis le Concorde furent diffusées dans le JT de 20h.

Pour en savoir plus :

Ce jour là, le supersonique Concorde embarqua 14 personnes :

– 6 membres d’équipage : André Turcat (chef pilote), Jean Dabos (co-pilote), Henri Perrier (premier ingénieur), Jean Conche (ingénieur), Hubert Guyonnet (radionavigateur), Michel Rétif (mécanicien d’essais).

– 8 scientifiques : John E. Beckman (Queen Mary College, Londres, Royaume-Uni), Jean Bégot (Institut d’astrophysique, CNRS, Paris), Pierre Charvin (Institut national d’astronomie et de géophysique, CNRS, Paris), Donald B. Hall (Observatoire de Kitt Peak, Arizona, Etats-Unis), Pierre Léna (Université Paris Sud et Observatoire de Paris), Donald Liebenberg (Los Alamos Scientific Laboratories, Nouveau-Mexique, Etats-Unis), Alain Soufflot (Laboratoire de physique stellaire et planétaire, CNRS, Verrières-le-Buisson) et Paul Wraight (Université d’Aberdeen, Ecosse).

Pour aller plus loin :

Côte d'Azur Actualités : Observations de l'éclipse solaire du 30 juin commentée par le professeur Millet. à propos des études et expériences faites sur les éclipses : analyse des résultats et explications techniques sur différentes images d'éclipses. (4 août 1973)

Télé pays de Loire : un spécialiste le principe de l'éclipse en s'appuyant d'un schéma qu'il dessine sur un tableau noir, différence entre éclipse totale et partielle (29 avril 1976)

Images en couleurs de l'éclipse vue du Kenya. (30 juin 1973)

Lorraine soir : Pierre Léna revient sur l'observation faite dans le Concorde. (20 juillet 1973)

Eclipse solaire en mer. (24 novembre 1984)

L'expérience suivie par un ovni ?

Un ovni a-t-il été photographié pendant la mission ? Un mystère qui défraya la chronique. A découvrir ci-dessous.

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