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Sur le tournage du film « Le jouet » de Francis Veber

Sur le tournage du film « Le jouet » de Francis Veber

Le film « Le nouveau jouet » avec Jamel Debbouze et Daniel Auteuil sort au cinéma le 18 octobre. C'est un remake du film tourné 1976 par Francis Veber. À l'époque le rôle tenu par l'humoriste était joué par Pierre Richard, à ses côtés Michel Bouquet incarnait le richissime père. La télévision avait pu se glisser sur le tournage du premier long-métrage de Francis Veber en tant que réalisateur.

 

Par Florence Dartois - Publié le 26.06.2020 - Mis à jour le 18.10.2022
Le jouet de Francis Veber - 1976 - 11:43 - vidéo
 

L'ACTU.

Le nouveau jouet est un film réalisé par James Huth avec Jamel Debbouze et Daniel Auteuil dans les rôles principaux. Le synopsis raconte comment Sami, le gardien de nuit d'un grand magasin de jouets, se retrouve obligé de devenir le jouet personnel du fils de l’homme le plus riche de France. Il s'agit du remake du film tourné par le jeune réalisateur Francis Veber en 1976.

L'ARCHIVE.

Le 15 novembre 1976, le magazine « Pour le cinéma » dévoilait les coulisses de cette jolie comédie-dramatique française. C'était le premier film mis en scène par Francis Veber, le scénariste du Grand blond avec une chaussure noire, de L'Emmerdeur ou d'Adieu poulet. La comédie, il s'y connaissait. Pour le rôle-titre, le jeune cinéaste avait choisi son vieux complice Pierre Richard. Dans la distribution, un enfant, Fabrice Gréco et un comédien confirmé, Michel Bouquet. Le reportage commençait par une scène qui deviendrait culte. François Perrin (Pierre Richard) était installé aux côtés d'Éric Rambal-Cochet (Fabrice Gréco) dans une voiture de sport miniature dans le couloir d'un hôtel particulier.

Interrogé entre deux prises, Francis Veber résumait ainsi l'intrigue de son film : « c'est l'histoire d'un journaliste qui est au chômage depuis deux ans et qui trouve du travail dans un journal qui est tenu par un milliardaire [Pierre Rambal-Cochet (Michel Bouquet)], très autocrate. » Envoyé par son rédacteur en chef pour faire un reportage dans l'une des entreprises de ce grand patron, plus précisément dans un grand magasin où se déroulait une grande exposition internationale de jouets, au détour d'une allée, il se heurtait au fils du PDG, venu pour choisir un jouet. Son choix allait se porter sur un jouet improbable racontait Francis Veber : « l'enfant regarde les jouets. Son regard s'arrête sur le journaliste et il dit : "je veux ça !" », et « Ça », c'était Pierre Richard. Par peur du chômage, le journaliste acceptait cette étrange proposition. Il serait livré, « dans une caisse chez le milliardaire ». Tel était le point de départ du film. Dans la suite du reportage, les comédiens et le cinéaste partageaient leurs sentiments, sur le sujet du film d'abord, et sur leur jeune partenaire dont c'était le premier film.

Des acteurs et un enfant

Pierre Richard décrivait la relation de son personnage à Eric comme des rapports d'abord teintés « de violence, de tension, d'agressivité » qui allait peu à peu se transformer en « une certaine estime et puis même une affection ». Un rôle intéressant qui lui rappelait des situations qu'il avait lui-même observées : « J'ai vu des enfants qui avaient des domestiques et qui les prenaient pour des jouets (…) je l'ai vu ! », affirmait le comédien. Francis Veber et son acteur évoquaient aussi la psychologie de cet enfant-roi à qui on ne mettait aucune limite.

Le père de cet enfant capricieux était joué par Michel Bouquet, un rôle qu'il décrivait comme la partie sombre de cette comédie, mais qui traitait en arrière-plan de l'émotion d'un père dépossédé de l'amour de son enfant au profit d'un père de substitution qu'il s'était choisi : « Le père accidentel devient le père de l'enfant alors que le vrai père perd le pouvoir qu'il devrait avoir sur son enfant. Et ça, c'est la partie touchante, profonde et grave du film. Et c'est plutôt, dans ce film drôle, la part qui m'est dévolue à moi », déclarait-il.

L'enfant tenait un rôle essentiel dans le scénario. Faire jouer un enfant était un défi selon le réalisateur qui décrivait plus tard son challenge : « un acteur professionnel s'appuie sur une technique, un enfant s'appuie sur un don. Si l'enfant n'est pas doué, c'est catastrophique et s'il est doué, tout est permis, ça devient magique ». Pierre Richard s'avouait ébahi par la « spontanéité » et la « concentration » de son jeune partenaire, ainsi que par son professionnalisme, racontant une anecdote surprenante. Quant à Michel Bouquet, il expliquait qu'à ses yeux le choix de l'enfant tenait beaucoup au réalisateur lui-même, et que pour ce film, Francis Veber avait choisi l'enfant qui aurait pu être le sien « avec énormément de soin, de méticulosité, de sérieux ». Michel Bouquet évoquait ensuite la sensibilité du petit Fabrice Gréco avec laquelle il avait fallu composer sur le tournage : « je pense qu'il aurait été un peu gêné que je prenne dans la vie la place de son père. Ce que je n'ai pas fait. J'ai gardé une extrême réserve dans mes contacts avec lui (...) on est restés sur un terrain purement professionnel. », avouait-il avec émotion.

Le mea culpa d'un scénariste

À la fin du reportage Francis Veber, l'ancien scénariste, était interrogé sur sa perception du métier de réalisateur. Une perception qui avait beaucoup évolué maintenant qu'il était lui-même passé derrière la caméra. Il avouait qu'avant cette expérience, il prenait les réalisateurs pour des « supers chefs de chantier », qu'il méprisait un peu, en leur mâchant le travail, « en leur écrivant des scénarios clé en main ». Après ce tournage, il affirmait qu'il s'était totalement trompé, reconnaissant qu'un bon metteur en scène possédait autre chose, « en particulier du goût et puis un esprit de synthèse et plein de qualités que je ne peux pas vous définir maintenant, que je découvre et que je ne suis pas sûr d'avoir du tout ».

Le film allait connaître un beau succès public et attirer 1 249 452 spectateurs. Il est devenu depuis sa sortie en 1976 un classique de la comédie à la française et repasse à ce titre régulièrement sur le petit écran.

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