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1970, lorsque Michel Piccoli appelait l'Etat à soutenir les artistes

1970, lorsque Michel Piccoli appelait l'Etat à soutenir les artistes

Le 30 avril dernier, un collectif d'artistes demandait l'aide de l'Etat pour faire face à la crise du Covid. Avant eux, en 1970, Michel Piccoli, décédé mardi dernier, demandait déjà à ce que l'Etat soutienne les intermittents du spectacle.

Par Florence Dartois - Publié le 06.05.2020 - Mis à jour le 18.05.2020
 

Deneuve, Besson, Huppert, Bruel, Sy et beaucoup d'autres, le 30 avril dernier, dans une lettre ouverte publiée dans le journal Le Monde, les artistes tiraient la sonnette d'alarme et appelaient Emmanuel Macron et le gouvernement de "mesurer sa responsabilité" et exigeaient de Franck Riester des mesures concrètes et rapides pour aider le secteur et, notamment, les intermittents déjà confrontés à la précarité d'ordinaire.

Cette précarité, amplifiée par la crise du Coronavirus et la fermeture de tous les lieux de loisirs et de culture, est ancienne. Ces dernières années, le statut fragile des intermittents a été maintes fois au centre de l'actualité, des préoccupations et des revendications des artistes. Par le passé, certains d'entre eux ont déjà alerté le gouvernement sur la position difficile des intermittents dans la société, parmi eux, Michel Piccoli.

En mars 1970, dans l'émission Panorama, l'acteur, alors au sommet de sa notoriété, décidait de devenir porte-parole de ses pairs, moins chanceux que lui et de décrire aux Français les difficultés financières auxquelles nombre de ses sœurs et frères d'art étaient déjà confrontés.

Le comédien commence par quelques chiffres concernant les "congés-spectacles". Lui fait partie des 1% qui gagnent très bien leur vie. A l'époque, "il y a 20 000 artistes en France". Mais il n'oublie pas les 85% qui, à l'époque "gagnent mois de 100 000 anciens francs par mois." [150 euros actuels].

Plus tard, Michel Piccoli tente de casser l'image de l'artiste fortuné et privilégié

"Le public croit toujours qu'un artiste travaille dans l'aisance, dans la facilité et dans le luxe, mais ça n'a pas été mon cas du tout. Je suis passé dans toutes les échelles de la profession, du plus petit au plus grand. Et je ne veux pas faire de l'autosatisfaction en parlant de moi ou en faisant plaisir au public qui me voit à travers mon métier, mais puisque j'ai la possibilité de parler de ma profession, j'ai voulu montrer toute l'étendue, toute la difficulté et tout le travail extraordinaire que ça représente pour un individu qui ose se montrer devant le public".

Michel Piccoli insiste ensuite sur le rôle social primordial de l'artiste dans la société.

"L'acteur, est extrêmement important. Nous sommes le truchement par lequel les gens sont enseignés ou découvrent les choses, ont des connaissances (…) les gens regardent la télévision, c'est là qu'ils apprennent et c'est bien souvent par le truchement de l'acteur que les gens découvrent quelque chose".

Plus tard, il déplore l'aspect mercantile du cinéma et sur le fait que l'acteur, même célèbre soit traité comme un produit : "Tout est basé sur une notion de profit au cinéma."

Pour conclure, l'artiste lance un vibrant appel au ministre des Finances.

"Il faudrait que tout le monde comprenne que les artistes n'aiment pas de plaindre tout le temps ou faire la quête. Alors, je crois qu'il faut mieux que je m'adresse au ministre des Finances et qu'il considère que les arts et le spectacle sont une nécessité pour les loisirs et la culture du public, et qu'il donne au ministre de la Culture les moyens de développer les arts et les spectacles".

Pour aller plus loin

L'entretien avec Michel Piccoli est ponctué de rencontres avec d'autres comédiens et artistes. Marcel Bluwal les interroge sur leur quête du travail, de la reconnaissance et de la dignité. Anouk Ferjac, Germaine Delbat, Dominique Maurin, François Marthouret et Raymond Bussières témoignent. Vous pouvez les retrouver ici.

Antenne 2 Le Journal de 20H : l'acteur Henri Virlojeux est invité par Bernard Rapp à propos de la grève des intermittents du spectacle dont une réforme remet alors en cause leur indemnisation. L'acteur explique que c'est une grève d'alerte et d'information sur la profession. L'intermittence permet d'attendre financièrement le contrat suivant et donne la liberté de choix aux comédiens. Il précise qu'il est important de sauvegarder ce qui leur permet de vivre car les contrats ne s'enchaînent pas obligatoirement.

Intermittents du spectacle : la bête noire du patronat. Les négociations sur l’assurance chômage continuent entre les partenaires sociaux. L’objectif fixé par le gouvernement : 1 à 1,3 milliard d'économies par an. Le patronat appelle une nouvelle fois les intermittents à participer à l’effort… comme souvent dans les précédentes décennies. (module Ina-France-Info "retour sur l'info", décembre 2018)

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