Aller au contenu principal
1959, l'interview pas très "Me too" de Marie-José Nat

1959, l'interview pas très "Me too" de Marie-José Nat

Comment répondre, en gardant son calme, à une interview un peu trop indiscrète lorsqu'on est une jeune comédienne ? Réponse en images avec cet entretien de 1959, entre la jeune actrice Marie-José Nat, décédée ce jeudi et un journaliste un peu trop empressé !


Par la rédaction de l'INA - Publié le 11.10.2019 - Mis à jour le 14.10.2019
 
Comment répondre, en gardant son calme, à une interview un peu trop indiscrète lorsqu'on est une jeune comédienne ? Réponse en images avec cet entretien de 1959, entre la jeune actrice Marie-José Nat et un journaliste un peu trop empressé !

Le 7 novembre 1959, Marie-José Nat est en promotion pour la sortie du film Rue des Prairies de Denys de la Pattelière. Pour l'occasion, la jeune femme répond à une interview pour le magazine télévisé Nord Actualités. Visiblement, le journaliste n'est pas insensible au charme de la jeune femme… Restera-t-elle stoïque face à ses questions plutôt indiscrètes ?

Épais cheveux bruns remontés en chignon, assise sur un tabouret de bar, Marie José-Nat est souriante et semble plutôt détendue. Hors champ, un journaliste non identifié l'interroge sur son parcours. Il lui demande pour commencer de parler d'elle : "Qui êtes-vous? Comment êtes-vous ? Etes-vous timide ?"

"Ça dépend des gens. Il y a des gens qui m'intimident. Quand je dois passer à la télévision pour être interviewée, je suis timide. Parce que j'ai peur. Je ne sais pas les questions qu'on va me poser. Mais quand je dois jouer, j'ai le trac, c'est différent".

La comédienne évoque ses débuts : "il y a deux ans, j'ai commencé d'abord à suivre des cours. Ensuite, j'ai commencé à faire ma première émission de télévision. C'est grâce à ça que j'ai fait du théâtre. Du théâtre, j'ai refait de la télévision. Sa première apparition c'était dans "Les cinq tentations de madame de La Fontaine et je jouais madame de La Fontaine. C'était une ingénue, c'était un rôle charmant".

Le journaliste lui demande ensuite ce qu'elle préfère entre le cinéma ou la télévision, il ajoute qu'il parleront plus tard d'amour ! 

Marie-José Nat continue : "C'est deux choses différentes. C'est comme si on vous demandez à vous si vous aimez mieux le bifteck ou le poulet. La télévision m'a confié des rôles très importants, qu'on ne m'aurait certainement pas confiés au cinéma. C'est normal. Et puis, le cinéma m'a fait connaitre. Et puis le cinéma est une chose différente". Elle reconnait que la télé a été un tremplin : "c'est un peu comme le cinéma et le théâtre, tout en étant une chose absolument. C'est les deux à la fois".

Elle évoque ensuite ses personnages préférés, celui de Marie dans Les tentations de La Fontaine et son personnage dans Pas un mot, une pièce inédite de Gromelak, où elle jouait un rôle de sourde muette.

Et là, contrairement à la déontologie journalistique de neutralité, le journaliste va commencer à donner son opinion sur ce rôle, regrettant qu'on lui ait fait jouer le rôle d'une muette, du gâchis : "faire jouer ce rôle à une fille comme vous Marie-José Nat, qui a une voix qui trouble les hommes…"

L'actrice visiblement gênée, répond : "Ah bon ?", accompagné d'un petit rire nerveux. Elle aborde le sujet de sa voix d'un angle professionnel et déclare que ce sont surtout les critiques qui en ont parlé :  "il y en a qui aiment ça et d'autres pas du tout. On l'aime de plus en plus. Tant mieux, je suis très contente. Ça pourrait être un handicap mais maintenant les gens s'y habituent". Elle ajoute "je ne m'entends pas parler, je la trouve normal !"

Le journaliste insiste : "Les hommes vous en parlent de votre voix ?"

Marie-José Nat répond sans s'étendre : "oui. Ben en général ils l'aiment bien."

La comédienne évoque ensuite ses projets théâtraux (Blaise de Claude Magnier), un personnage comique avec des nattes et des lunettes.

L'interviewer déplore son absence de nattes pour cette entrevue. Elle sourit. Il lui demande finalement ce qu'elle pense de Denys de la Pattelière avec qui elle vient de tourner Rue des Prairies : "C'est un metteur en scène formidable. Il a été très gentil avec nous, Claude Brasseur, Roger Dumas et moi".

Roger Dumas... Le journaliste saisit l'occasion pour dévoiler que l'acteur est son fiancé dans la vie. Marie-José Nat répond par un bref laconique : "oui".

Il lui demande : "Et c'est un fiancé définitif ?"

Elle répond un "bien-sûr", définitif lui.

L'interview reprend à propos Denys de la Pattelière. L'actrice confie que c'est elle qui est allée le voir pour obtenir le rôle d'Odette : "il avait pensé que je n'étais pas exactement son personnage et finalement quand Gabin m'a vu à la télévision, j'ai été engagée. J'étais très heureuse de travailler avec lui et j'aimerais retravailler avec lui. Gabin est formidable. Des tas de gens disaient qu'il était désagréable, mais pas du tout. Avec nous, il a été très bon, très gentil. Un vrai bon papa". L'entretien s'achève sur l'évocation du film qu'elle vient de tourner en Belgique avec Francis Blanche, Vive le duc.

Pour conclure, le journaliste lui demande si elle reviendra dans son magazine lorsqu'elle sera très célèbre… Elle acquiesce gentiment par un "oui". Nous ne savons pas si Marie-José Nat a recroisé un jour le chemin de ce mystérieux journaliste...


S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.