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1980 : pas facile de se faire comprendre d'un robot avec un accent italien !

1980 : pas facile de se faire comprendre d'un robot avec un accent italien !

Depuis plusieurs mois, les prouesses de l'intelligence artificielle en matière de langage et de capacité d'expression déchainent les passions. Cette volonté de dialoguer avec les machines est ancienne et de nombreux chercheurs se sont éreintés les méninges à développer un moyen de communication efficace. À l'image de cet expert du laboratoire de la faculté d'Orsay en 1980.

Par Florence Dartois - Publié le 04.04.2024
 

L'ACTU.

Dialoguer directement avec la machine, lui poser des questions et obtenir des réponses compréhensibles et justes, voilà un rêve aujourd'hui atteint avec l'intelligence artificielle (IA) et le TLN (traitement du langage naturel) qui utilise le « machine learning » pour traiter et interpréter du texte. À l'image de ChatGPT, pour ne citer que lui, dont les exploits ont été largement relayés. Mais cette recherche du dialogue fluide et sensé est très ancienne et a commencé il y a bien des décennies dans les laboratoires du monde entier. En France, le laboratoire de la faculté Paris XI Orsay était à la pointe en la matière. En octobre 1980, le magazine « V3, le nouveau vendredi » lui avait consacré un long reportage.

L'ARCHIVE.

Le reportage disponible en tête d'article nous entraine dans un laboratoire où travaillait sans relâche le chercheur Angel Osorio. Son champ de recherche concernait la communication parlée en robotique. Il était fier de présenter sa machine parlante personnalisée par une enceinte sur laquelle il avait grossièrement dessiné un visage rond surplombé d'un chapeau melon. Son but : donner au robot une voix humaine, lui apprendre à reconnaître « la voix de son maître » et lui répondre. C'était à ses yeux le moyen le plus naturel pour communiquer avec la machine.

Devant son équipement (dernier cri) le chercheur acceptait de procéder à une démonstration des progrès de son ami à la voix synthétique, pas toujours très compréhensible. « Ce sont des morceaux de paroles qui n'ont jamais été enregistrés. L'ordinateur génère une partie de sons à partir de morceaux de paroles pris dans sa mémoire. Il les met côte à côte et génère des phrases. La voix est un peu bizarre, car personne ne l'a jamais enregistrée. C'est une voix qui n'est pas humaine », ajoutait-il.

Une communication limitée

Nous vous laissons découvrir la suite de l'expérimentation, moins réussie, notamment à cause de l'accent (italien) de l'expérimentateur. Difficile pour la machine, visiblement pas polyglotte, de reconnaître le mot prononcé par son créateur. La machine était également capable de reconnaître des formes dessinées sur une « tablette à entrée graphique » qui permettrait au robot de se déplacer dans son environnement en évitant les obstacles placés sur sa trajectoire. Pari cette fois réussi.

Lorsqu'on lui demandait si le robot autonome, « l'esclave qui se meut seul et dialogue directement avec son maître », était pour bientôt, le chercheur répondait par l'affirmative, mais à la condition que l'ensemble des laboratoires mettent leurs résultats en commun. Son seul bémol concernait l'apparence des futurs robots qui ne seraient pas anthropomorphiques « car on ne cherche pas à faire une copie de l’homme », assurait-il. Il était plutôt question de remplacer l'homme dans certaines fonctions utiles, d’augmenter ses performances (force, capacité de déplacement, vitesse...) ou de créer des outils capables d'aider l'homme dans certaines tâches. Le reportage s'achevait sur un robot utilisé par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) capable de ramasser des charges radioactives.

Et la journaliste de conclure : « Vous êtes peut-être déçus ? Ces robots n’excitent pas l'imagination, ils en manquent eux-mêmes. Seul l'homme finalement peut les rendre dangereux. »

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