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Samuel Pintel, l’enfant qui a échappé à la rafle d’Izieu

Samuel Pintel, l’enfant qui a échappé à la rafle d’Izieu

Ils avaient entre quatre et 17 ans, s’appelaient Jean-Paul, Nina ou Marcel. Il y a 80 ans, le 6 avril 1944, 44 enfants juifs de la colonie d’Izieu dans l’Ain étaient arrêtés par les nazis avant d’être déportés notamment à Auschwitz. Samuel Pintel, six ans à l’époque, a échappé de peu à cette rafle. Aujourd’hui, il raconte.

Par Jérémie Gapin - Publié le 05.04.2024
 

« Il est de mon devoir de parler, de rappeler cette mémoire, de rappeler l’existence de cette maison. » Dans la maison d’Izieu (Ain), de mai 1943 à avril 1944, des enfants, pour la plupart juifs, avaient trouvé refuge pour échapper aux nazis. Une colonie d’accueil créée par Miron et Sabine Zlatin, un couple juif. 80 ans plus tard, Samuel Pintel raconte comment il est arrivé dans cette maison.

À l’époque, il avait six ans : « Ce n’était pas une maison clandestine. Très vraisemblablement, les personnes adultes étaient assignés à résidence, mais la structure était connue de l’administration vichyste, avec une institutrice mise à disposition légalement. » Et d'expliquer : « Nous sommes en 1943. Je reste avec ma mère. Nous habitions à Paris. Elle va tenter de rejoindre la zone sud. Mais là, les problèmes vont commencer. Elle est en situation irrégulière, étrangère. Elle a passé la ligne de démarcation en faute. Elle est envoyée dans un camp. Je serai donc avec ma mère dans ce camp. Transféré dans un autre lieu d’assignation à résidence à Annecy. Hélas, ce centre va être raflé. »

Le centre est raflé en septembre 1943, lorsque la zone est sous occupation allemande. La mère de Samuel Pintel le confie à une femme non juive, qui va l’emmener à Chambéry dans un bureau de l’UGIF, l’Union générale des israélites de France. Il atterrit ensuite à la maison d’Izieu. « Moi, j’arrive mi-novembre, les journées sont rythmées par la classe. Les temps libres, ce sont des jeux, les promenades. »

Une mémoire longtemps oubliée

Fin janvier 1944, Samuel Pintel quitte la colonie. Il est recueilli par ses anciens voisins parisiens. Le jeune garçon échappe de peu à la rafle d’Izieu du 6 avril 1944, ordonnée par le chef de la Gestapo de Lyon, Klaus Barbie.

Les nazis arrêtent 44 enfants, de quatre à 17 ans, et sept adultes dont Léa Feldblum. Elle témoignait en 1987, comme on l'entend dans le montage d'archive en tête d'article. Les 44 enfants et les sept adultes sont ensuite déportés, notamment à Auschwitz. Seule Léa Feldblum survivra. Après la guerre, la rafle d’Izieu n’est quasiment pas évoquée dans les médias. La télé en parle pour la première fois en 1983, soit 39 ans plus tard, après l’arrestation de Klaus Barbie qui a ordonné la rafle, puis lors de son procès en 1987.

24 avril 1994, soit 50 ans après la rafle, l’ancien refuge devient un mémorial. Il est inauguré par François Mitterrand, alors président de la République. Samuel Pintel était présent, accompagné d’anciens enfants de la maison d’Izieu. Aujourd’hui, à 86 ans, Samuel Pintel continue de témoigner.

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