Le 10 juillet 1987, il y a 35 ans, le journaliste Claude Sérillon annonçait au journal de 20h d'Antenne 2 une information d'importance au sujet de la population mondiale : « C’est un chiffre qui peut donner le vertige. Nous sommes depuis ce matin un peu plus de 5 milliards de femmes et d’hommes sur terre. Tous ces sujets de contentement ou de mécontentement sont très inégalement répartis sur la planète. Les Nations unies ont calculé qu’à la fin de ce siècle, nous serons 6 milliards. Et cette évolution démographique, inquiétante, surtout dans les pays aux ressources économiques les plus pauvres, cache un vieillissement des peuples les plus riches. »
Le sujet de Florence Mavic commençait en mettant l'accent sur le pays qui était alors encore, et de loin, le pays le plus peuplé au monde, la Chine : « Ils sont aujourd’hui 1 milliard 50 millions les Chinois, et le prochain bébé qui fera passer le cap des 5 milliards n’a qu’une demie chance sur 100 de naître dans une famille française. C’est toujours dans les pays de l’hémisphère Sud que la croissance démographique est la plus forte » expliquait la journaliste. Mais alors que la Chine avait mis en place au début des années 1980 la politique de l'enfant unique, le continent annoncé comme allant vivre une évolution rapide de sa démographique était l'Afrique : « la population mondiale est en fait assise dans une balance en déséquilibre, sur le plateau le plus chargé, l’Afrique et son taux de fécondité galopant, exemple le Kenya, qui bat le record mondial avec une moyenne de 8 enfants par femme » poursuivait Florence Mavic. L'Europe, justement et ironiquement surnommée « le Vieux continent », était déjà en perte de vitesse démographique, même si la France tirait toujours son épingle du jeu par rapport à ses voisins européens : « Sur le plateau le plus léger, l’Europe en pleine crise de natalité, la France elle s’en sort mieux avec presque deux enfants par femme » commentait le reportage d'Antenne 2.
Capacités d'adaptation
Gérard Calot, directeur de l’Institut national d’études démographiques, se voulait pédagogue quant aux questions de limitation des naissances : « En matière de fécondité, il faut que la population le souhaite. Or, toutes les religions, toute l’organisation sociale des pays en développement, est tournée vers la glorification de la maternité. Le prestige social est conféré à celui qui a une famille nombreuse, la femme qui ne peut pas avoir d’enfants est maudite. Pour ce qui est de la démographie mondiale, je suis plutôt optimiste. » Le démographe se voulait aussi rassurant quant au futur et aux conséquences d'une évolution rapide de la population mondiale : «Je pense que le catastrophisme ou "l’apocalyptisme" n’est pas de mise, l’homme a montré ses capacités d’adaptation, et je pense qu’il en témoignera encore à l’égard du problème démographique. »
35 ans plus tard, l'Humanité compte à présent 8 milliards de personnes, et l'ONU estime que la population mondiale devrait se stabiliser autour de 10,4 milliards à la fin du siècle.