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1978 : ouverture du débat sur l'euthanasie

1978 : ouverture du débat sur l'euthanasie

Un projet de loi sur la fin de vie a été présenté mercredi 10 avril en Conseil des ministres. Il y a peu, le débat sur la fin de vie était encore tabou en France. Pourtant en avril 1978, deux hommes prennent publiquement position en faveur de l’euthanasie : le cancérologue Léon Schwartzenberg et le sénateur Henri Caillavet.

Par Arnaud Fazilleau - Publié le 10.04.2024

« Il faut alléger les souffrances. » À la fin des années 1970, le débat sur la fin de vie est tabou en France. Aux États-Unis, depuis septembre 1976, l’État de Californie accorde « le droit de mourir » aux patients qui sont dans un état désespéré. En France, deux hommes vont publiquement prendre position en faveur de l’euthanasie : le cancérologue Léon Schwartzenberg et le sénateur Henri Caillavet. C’était en avril 1978. Retour en archives avec le montage ci-dessous.

Henri Caillavet, sénateur du lot-et-Garonne, va être le premier homme politique à proposer une loi « relative au droit de vivre sa mort ». À l’époque, il n’est pas encore question d’euthanasie. Le débat porte sur l’acharnement thérapeutique. Il expliquait : « Cette proposition de loi tend pour une personne incurable à pouvoir refuser l'acharnement thérapeutique. C'est-à-dire, vivre pleinement sa mort. »

Le débat est lancé : ce même jour, le JT de 20h consacre une large part de son édition à la fin de vie. Une femme apporte un témoignage poignant sur les derniers mois de vie de son frère qui demandait simplement le droit de mourir dignement. Et dans la même édition du JT, le professeur Schwartzenberg, pourtant favorable à l’euthanasie, va émettre des réserves sur le projet de loi Caillavet qu’il juge inapplicable.

Un débat télévisé

Aider un malade à mourir était un sujet qui divisait l’opinion. Un sondage de la Sofres, publié dans le Figaro du 8 juin 1978, montre que 43 % des personnes interrogées sont favorables au projet, contre 48 % défavorables. Le débat se poursuit sur les plateaux télé. En juin 1978, ce sont les parents d’une Américaine, Karen Ann, qui témoignent de l’acharnement thérapeutique sur leur fille plongée dans un coma profond depuis trois ans.

Ils vont se battre juridiquement pendant 10 ans avant que leur fille ne meure naturellement en 1985. L’émission « Les Dossiers de l’écran » va, elle aussi, consacrer une soirée spéciale à la fin de vie. Après la diffusion d’un téléfilm inspiré par l’histoire de Karen Ann, un débat était organisé en plateau. Au standard de l’émission, l’opinion semblait favorable à une euthanasie passive.

En plateau, le professeur Schwartzenberg va réitérer ses réserves sur la proposition de loi d’Henri Caillavet. Le projet de loi sera finalement rejeté en séance publique le 7 mai 1980. Il faudra attendre la loi Leonetti de 2005 pour que l’arrêt des traitements soit autorisé et que le refus de l'acharnement thérapeutique soit enfin reconnu.

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