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Le théâtre des Amandiers, comme une «cage dorée»

Le théâtre des Amandiers, comme une «cage dorée»

La réalisatrice Valeria Bruni Tedeschi signe «Les Amandiers», une comédie qui relate l'histoire de l'école des Amandiers, au théâtre de Nanterre. Elle fut fondée par les metteurs en scène Patrice Chéreau et Pierre Romans. Retour dans les années 80, quand Patrice Chéreau expliquait ce projet et qu'il formait ses premiers élèves.

Par Romane Sauvage - Publié le 16.11.2022
Théâtre des Amandiers : Chéreau - 1983 - 02:59 - vidéo
 

L'ACTU.

Mercredi 16 novembre est sorti sur grand écran le dernier long-métrage de Valeria Bruni Tedeschi, Les Amandiers. Dans ce film autobiographique, l'ancienne élève de l'école du théâtre des Amandiers à Nanterre raconte la vie cette formation alternative créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans et celle de ses élèves, comédiens et comédiennes en devenir.

LES ARCHIVES.

Au début des années 80, le metteur en scène de renom Patrice Chéreau fut nommé directeur du théâtre de Nanterre, Les Amandiers, en compagnie de Catherine Tasca. Parmi les projets du metteur en scène pour ce théâtre de la banlieue parisienne, l'idée d'en faire une école.

Dans l'archive de 1983 en tête d'article, il présentait ce lieu nouveau au micro d'Antenne 2 : « On dit toujours que Nanterre ou le théâtre des Amandiers est loin, que ce soit pour les élèves ou que ce soit pour les spectateurs ou pour gens qui y travaillent, je pense que l’énorme avantage de cet endroit, et la chose finalement que l'on doit chercher dans un théâtre, est de se recentrer sur soi-même et d'avoir un lieu d'une grande rigueur. »

Force de travail

Alors que la caméra montrait les élèves du théâtre en plein exercice, Patrice Chéreau poursuivait à leur propos : « je pense qu'une des choses que l'on doit apprendre à des jeunes comédiens est justement d'apprendre à travailler, à se concentrer et à se mesurer à leur propre force de travail. »

Il y exposait sa vision de la formation : « C'est pour ça qu'il me paraissait important d'avoir cette école, c'est-à-dire de travailler avec eux sur une période longue et puis de me confronter à eux, de leur apprendre des choses, si je peux et surtout d'apprendre des choses, moi. »

Un véritable séminaire, selon la journaliste, qui comparait l'école à ce lieu où les jeunes clercs étudient. « Tout ce qui est chose fermée comme ça est une bonne image de ce que devrait être le théâtre, c'est-à-dire qu'il faut travailler il faut s'enfermer un petit peu », confirmait le metteur en scène.

Il poursuivait : « Il faut à la fois avoir une grande observation du dehors et à la fois pour arriver à reconstruire, à reproduire gravement la réalité, il faut s'enfermer, il faut une cage dorée, dorée peut-être, mais une cage quand même. »

« Ça ne m'a pas du tout apaisée. C'était très excitant. »

Cette école de comédiens était composée de 26 étudiants de 18 à 25 ans, sélectionnés sur 1200 demandes. Les cours y étaient gratuits, selon les dires de Patrice Chéreau dans l'archive ci-dessous : « nous assurons l'inscription en faculté, les transports et un repas ». Il ajoutait que les cours, sur deux ans, auraient lieu tous les jours de l'année, entrecoupés de stage, et animés par des metteurs en scène et professionnels du secteur.

Une formation exigeante et particulièrement intense dont sont sortis de grands acteurs et actrices telles que Valeria Bruni Tedeschi ou Agnès Jaoui. En 2000, sur le plateau « Des mots de minuit », la réalisatrice du film «Les Amandiers», qui a gardé un bon souvenir de sa formation, parlait également d'une « cage dorée ».

« Ce n'était pas à Paris, je me souviens pendant deux ans on a vraiment vécu à l'extérieur de la ville (...) et en même temps, c'était très luxueux, on était des enfants gâtés dans le travail », détaillait-elle dans l'archive ci-dessous. Un passage dont elle parle comme d'un moment parfois douloureux, pas facile : « Ça ne m'a pas du tout structurée, ça ne m'a pas du tout apaisée. C'était très excitant. »

Agnès Jaoui quant à elle, évoquait plutôt une expérience difficile au sein de la formation de Patrice Chéreau, et notamment du fait de son directeur. Sur l'archive ci-dessous, elle disait à France 3 Lyon : « c'était quelqu'un qui avait une très très très forte personnalité. J'ai découvert que le groupe face à une très forte personnalité perd parfois son propre point de vue et ne devient pas toujours ce qu'il y a de plus aimable dans l'être humain. J'étais jeune et sans protection, et ce n'était pas très drôle. »

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