«Comme au cinéma», la chanson dans laquelle Alain Delon se dévoile

LA CHANSON.

« Blanc et noir
Extérieur nuit, zoom sur la Jaguar
Comme au cinéma
Mise au point sur moi

On a raconté plein d'histoires entre "le Jeune Loup" et "le Guépard"
C'était souvent assez banal, mais ça suffit pour faire du mal
Y a des gros plans des images floues, la vérité, c'est juste en dessous
Qu'est-ce qu'on peut dire d'un homme comme moi?
On dit c'qu'on veut, moi, je changerai pas
Quelques mots qui pourraient changer le scénario
Comme au cinéma
Mise au point sur moi

Plans serrés, musique d'ambiance, quelques fois on s'trompe de séquence
Ni passé simple, ni passé compliqué, j'conjugue ma vie à l'imparfait
Sous les projecteurs
Manque de chaleur
C'est tant pis pour les acteurs... »

Ainsi commence la chanson sortie chez Carrère en 1987. Mi-parlée mi-chantée, elle dépeint le portrait intime d'Alain Delon, qui, cette année-là, sort son sixième 45 tours. Il y a eu bien-sûr eu « Paroles Paroles », en duo avec Dalida, mais cette fois, l'acteur s'est investi dans sa chanson, allant à participer à l'écriture des paroles. Le texte dévoile l’autre côté du miroir de la vie de l'acteur, lorsque les projecteurs s'éteignent et que le clap de fin a résonné. Alain Delon se livre, se moque de son image, évoque les ragots qui courent sur lui. À l'instar d'un film, à travers une succession de métaphores cinématographiques, « gros plans, séquence, nuit américaine », l'artiste partage la normalité de sa vie, ses doutes, ses angoisses, en un mot sa sensibilité. Ce qui fait de Comme au cinéma, une chanson très émouvante.

LES ARCHIVES.

Comme au cinéma est écrite un peu à la manière d'une bande son de cinéma. Sur une musique très intimiste, Alain Delon se dévoile dans un texte ciselé. La version que nous vous proposons d'écouter date du 7 septembre 1987. Ce jour-là, l'acteur est l'invité d'honneur de la première émission consacrée à la variété de Didier Barbelivien. Son titre : « Un DB de plus ». C'est la première fois qu'il la chante en direct.

Après sa prestation, Didier Barbelivien l'interroge sur son rapport à la chanson. C'est la première fois, fera-t-il remarquer, qu'on lui demande de parler de ses goûts musicaux. L'acteur-chanteur explique qu'il fonctionne « aux coups de cœur, par passion » et que cette nouvelle aventure pourrait bien se poursuivre. « Je peux continuer, c'est un fait », ajoute-t-il très sérieusement.

Les deux hommes évoquent ensuite ses goûts musicaux, il confie avoir grandi dans l'amour de Piaf, de Trenet, et d'ajouter : « moi ce qui m'attire le plus, par affinité personnelle, c'est plus les textes que les musiques. » Il citera Brel, Brassens et une nouvelle fois Trenet qu'il considère comme un « poète magnifique » et qu'il comparera à Jacques Prévert pour la musique.